La douleur du tendon d’Achille est une affection fréquente, touchant aussi bien les sportifs que les personnes sédentaires. Situé à l’arrière de la cheville, le tendon d’Achille joue un rôle essentiel dans la marche, la course et le saut. Lorsqu’il devient douloureux, chaque pas peut devenir une épreuve.
Cette douleur, souvent sous-estimée, peut être le signe d’une inflammation, d’une tendinopathie ou, plus rarement, d’une rupture partielle. Comprendre ses causes et adopter une prise en charge adaptée est indispensable pour éviter les complications et retrouver une mobilité optimale.
Anatomie et rôle du tendon d’Achille
Le tendon d’Achille, aussi appelé tendon calcanéen, est le plus gros et le plus puissant tendon du corps humain.
Il relie les muscles du mollet (gastrocnémiens et soléaire) à l’os du talon (le calcanéum).
À chaque pas, il transmet la force du mollet vers le pied, permettant la propulsion nécessaire à la marche et à la course.
Ce tendon est sollicité en permanence : lors de la marche, de la montée des escaliers, du saut ou du simple maintien en position debout.
Mais cette importance mécanique en fait aussi une zone fragile, particulièrement sensible aux surcharges, aux erreurs d’entraînement et aux mauvaises postures.
Causes principales de la douleur du tendon d’Achille
La douleur au tendon d’Achille peut avoir plusieurs origines. Certaines sont liées à un surmenage mécanique, d’autres à des facteurs anatomiques ou métaboliques.
Tendinopathie d’Achille
C’est la cause la plus fréquente.
La tendinopathie correspond à une dégénérescence du tendon, souvent liée à des microtraumatismes répétés.
Elle apparaît progressivement, surtout chez les coureurs ou les personnes qui reprennent une activité physique intense sans préparation suffisante.
Les causes typiques incluent :
- augmentation brutale du volume ou de l’intensité d’entraînement,
- chaussures inadaptées ou usées,
- défaut de technique de course,
- terrain trop dur ou irrégulier,
- manque d’échauffement et d’étirement.
Tendinite d’Achille (inflammation aiguë)
Moins fréquente que la tendinopathie, la tendinite correspond à une inflammation aiguë du tendon ou de sa gaine (paraténon).
Elle survient souvent après un effort inhabituel ou un mouvement brusque.
La douleur est alors vive, localisée, et s’accompagne parfois d’un gonflement ou d’une sensation de chaleur.
Rupture partielle ou complète
Une douleur soudaine, vive, souvent décrite comme un « coup de fouet » à l’arrière du mollet, peut révéler une rupture du tendon d’Achille.
C’est une urgence médicale qui nécessite une évaluation rapide et souvent une intervention chirurgicale.
Causes mécaniques et posturales
Certaines anomalies favorisent la survenue de douleurs :
- pied plat ou creux,
- mauvaise posture,
- déséquilibre musculaire entre mollets et muscles antérieurs,
- raideur du tendon après une longue inactivité.
Autres causes possibles
Des facteurs métaboliques ou médicamenteux peuvent fragiliser le tendon :
- prise de corticoïdes ou d’antibiotiques de la famille des fluoroquinolones,
- diabète,
- surpoids,
- troubles circulatoires.
Symptômes caractéristiques
La douleur du tendon d’Achille se manifeste sous différentes formes selon la cause et le stade de la lésion.
Douleur localisée
La douleur est souvent située à l’arrière du talon, soit à l’insertion sur le calcanéum, soit un peu plus haut, à mi-tendon.
Elle peut être :
- vive au début de l’activité puis s’atténuer à l’échauffement,
- plus marquée le matin au lever, avec une raideur à la mise en charge,
- persistante au repos dans les cas chroniques.
Raideur et gonflement
Une raideur matinale du mollet et du tendon est typique des tendinopathies.
Un gonflement localisé ou un nodule palpable peut également être observé sur le trajet du tendon.
Rougeur et chaleur
Ces signes témoignent d’une inflammation active, plus fréquente dans les formes aiguës.
Craquement ou sensation de rupture
Dans le cas d’une rupture partielle ou totale, la douleur est brutale, accompagnée d’un bruit sec et d’une incapacité immédiate à se mettre sur la pointe du pied.
Diagnostic médical
Le diagnostic repose sur un examen clinique précis complété, si besoin, par des examens d’imagerie.
Examen clinique
Le médecin recherche :
- la localisation exacte de la douleur,
- la présence d’un gonflement ou d’une déformation,
- la mobilité de la cheville,
- la capacité à se mettre sur la pointe des pieds.
Un test spécifique, le signe de Thompson, permet de vérifier l’intégrité du tendon : en comprimant le mollet, le pied doit se fléchir ; en cas de rupture, il ne bouge pas.
Échographie
L’échographie est l’examen de première intention.
Elle permet de visualiser l’état du tendon, de détecter un épaississement, une inflammation ou une rupture partielle.
IRM
En cas de doute ou de suspicion de lésion complexe, l’IRM offre une analyse détaillée de la structure tendineuse et des tissus environnants.
Traitements de la douleur du tendon d’Achille
Le traitement dépend de la cause, du degré de gravité et de l’ancienneté de la douleur.
Dans la majorité des cas, la prise en charge est conservative et donne de très bons résultats.
Repos et adaptation de l’activité
Le premier réflexe est de réduire ou interrompre temporairement les activités douloureuses.
Le repos permet de limiter l’inflammation et de favoriser la régénération du tendon.
Cela ne signifie pas l’immobilisation complète : la marche douce ou le vélo à faible intensité sont souvent encouragés pour maintenir la mobilité.
Cryothérapie et anti-inflammatoires
L’application de froid (glace) plusieurs fois par jour réduit la douleur et le gonflement.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent être prescrits sur une courte durée, mais leur usage prolongé est déconseillé.
Rééducation et kinésithérapie
La rééducation est une étape clé du traitement.
Le kinésithérapeute propose des exercices spécifiques :
- étirements progressifs du mollet,
- renforcement excentrique du tendon (méthode de Stanish ou d’Alfredson),
- massages transverses profonds pour stimuler la cicatrisation,
- travail de proprioception et d’équilibre pour prévenir les rechutes.
Cette phase peut durer plusieurs semaines mais elle est essentielle à la guérison durable.
Semelles et corrections posturales
Des semelles orthopédiques peuvent corriger une mauvaise posture du pied ou une inégalité de longueur de jambe.
Elles soulagent le tendon en réduisant la tension à chaque pas.
Ondes de choc et thérapies complémentaires
Les ondes de choc extracorporelles sont de plus en plus utilisées pour stimuler la régénération du tendon.
Associées à la kinésithérapie, elles accélèrent souvent la récupération.
D’autres techniques, comme le taping ou la thérapie laser, peuvent également être proposées.
Chirurgie
La chirurgie est réservée aux cas graves ou résistants à plusieurs mois de traitement.
Elle consiste à nettoyer les tissus dégénérés, réparer une rupture partielle ou, en cas de rupture complète, réinsérer le tendon.
La rééducation post-opératoire est longue, mais les résultats sont généralement satisfaisants.
Prévention de la douleur du tendon d’Achille
Prévenir vaut toujours mieux que guérir.
Quelques mesures simples permettent de réduire le risque de tendinopathie ou de récidive.
Échauffement et étirements
Avant toute activité physique, un échauffement de 10 à 15 minutes est essentiel.
Les étirements doux après l’effort améliorent la souplesse et limitent les tensions.
Chaussures adaptées
Des chaussures bien amorties, avec un bon maintien du talon, réduisent la contrainte sur le tendon.
Il est conseillé de les renouveler régulièrement, surtout pour la course à pied.
Progression de l’entraînement
Augmenter progressivement la charge et l’intensité de l’activité évite les surcharges brusques.
Écouter son corps est la meilleure prévention.
Renforcement musculaire
Des mollets forts et souples protègent le tendon.
Des exercices simples, comme les montées sur la pointe des pieds, renforcent efficacement la zone.
À retenir
La douleur du tendon d’Achille est un signal d’alerte à ne pas négliger.
Qu’elle soit due à une inflammation, une tendinopathie ou une rupture, une prise en charge rapide permet d’éviter la chronicité et les complications.
Le traitement repose sur le repos, la rééducation et l’adaptation de l’activité, associés à une bonne prévention à long terme.
En cas de douleur persistante, la consultation d’un professionnel de santé — médecin du sport, kinésithérapeute ou podologue — est indispensable pour un diagnostic précis et un traitement sur mesure.
Retrouver un tendon d’Achille sain, c’est retrouver une mobilité fluide, stable et sans douleur, gage d’un quotidien plus actif et plus serein.


