L’angiome vertébral, également appelé hémangiome vertébral, est une tumeur bénigne du rachis qui touche fréquemment les adultes, notamment les femmes entre 30 et 60 ans. Souvent découvert par hasard, il reste généralement asymptomatique. Pourtant, dans certains cas rares, il peut provoquer des douleurs dorsales ou des troubles neurologiques lorsqu’il devient agressif. Comprendre cette affection permet de mieux évaluer sa gravité et d’adopter la prise en charge la plus adaptée.
Qu’est-ce qu’un angiome vertébral ?
Un angiome vertébral est une malformation vasculaire bénigne qui se développe à l’intérieur du corps vertébral, la partie osseuse d’une vertèbre.
Il s’agit d’une prolifération anormale de petits vaisseaux sanguins, qui remplace progressivement le tissu osseux normal. Cette lésion ne présente aucun risque de transformation cancéreuse.
La localisation la plus fréquente se situe au niveau du rachis dorsal (vertèbres thoraciques), mais les angiomes peuvent également toucher les vertèbres lombaires. Leur taille varie considérablement, allant de quelques millimètres à plusieurs centimètres.
La découverte se fait presque toujours de manière fortuite, lors d’un scanner ou d’une IRM effectuée pour une autre raison.
Fréquence et personnes concernées
L’angiome vertébral est une lésion très fréquente, observée chez environ 10 à 12 % de la population adulte.
Il est plus souvent retrouvé chez les femmes, ce qui laisse penser que les hormones œstrogéniques pourraient influencer son développement.
L’âge moyen de découverte se situe entre 40 et 60 ans.
Les vertèbres thoraciques moyennes (notamment T6 à T10) sont les plus souvent touchées.
Dans la très grande majorité des cas, l’angiome reste stable et silencieux tout au long de la vie.
Seuls 1 à 2 % des angiomes deviennent agressifs, c’est-à-dire responsables de douleurs, de fractures ou de compressions nerveuses.
Origine et formation de l’angiome vertébral
Les causes exactes de l’angiome vertébral ne sont pas complètement élucidées, mais plusieurs mécanismes sont envisagés.
Malformation vasculaire congénitale
Certains experts pensent qu’il s’agit d’une anomalie présente dès la naissance, due à un développement anormal des vaisseaux sanguins à l’intérieur de la vertèbre. Avec le temps, ces vaisseaux dilatés peuvent se multiplier et remplacer une partie de l’os.
Influence hormonale
L’incidence plus élevée chez les femmes et l’aggravation parfois observée pendant la grossesse ou la ménopause suggèrent une influence hormonale, notamment celle des œstrogènes, sur la croissance des angiomes.
Microtraumatismes et fragilisation osseuse
Des microtraumatismes répétés au niveau de la colonne vertébrale pourraient stimuler le remodelage vasculaire et favoriser l’apparition ou la croissance de ces malformations.
Facteurs génétiques
Certaines études évoquent une prédisposition familiale, sans qu’un gène spécifique n’ait encore été identifié.
Symptômes de l’angiome vertébral
La majorité des angiomes vertébraux sont asymptomatiques et ne provoquent ni douleur ni gêne fonctionnelle.
Cependant, lorsque la lésion devient plus volumineuse ou fragilise la vertèbre, des symptômes peuvent apparaître.
Douleurs dorsales
La douleur est le symptôme le plus fréquent lorsqu’un angiome devient actif.
Elle est souvent localisée, modérée à intense, parfois persistante.
Elle peut résulter d’une microfracture vertébrale ou d’une pression mécanique exercée sur les structures avoisinantes.
Formes agressives
Dans de rares cas, l’angiome s’étend vers l’arc postérieur ou le canal rachidien et peut comprimer la moelle épinière.
Cette situation provoque des symptômes neurologiques plus graves :
- engourdissement ou faiblesse musculaire des membres,
- douleurs irradiantes,
- troubles de la marche,
- voire paralysie partielle dans les cas extrêmes.
Ces formes nécessitent une prise en charge urgente.
Diagnostic de l’angiome vertébral
Le diagnostic repose sur l’imagerie médicale, qui permet d’identifier la nature bénigne et la localisation précise de la lésion.
Radiographie
Elle peut montrer un aspect typique en stries verticales ou en rayons de miel, mais cet examen reste peu spécifique.
Scanner
Le scanner (ou tomodensitométrie) offre une excellente visualisation de la structure osseuse.
L’angiome apparaît comme une lésion hyperdense avec des travées verticales caractéristiques.
Cet examen permet aussi d’évaluer la résistance mécanique de la vertèbre et le risque de fracture.
IRM
L’imagerie par résonance magnétique est l’examen de référence.
Elle montre un hypersignal en T1 et T2, traduisant la richesse en graisse et en vaisseaux sanguins.
L’IRM permet également de vérifier si la lésion s’étend vers le canal médullaire, ce qui guidera la décision thérapeutique.
Biopsie
Rarement nécessaire, la biopsie est réservée aux cas où le diagnostic n’est pas évident ou lorsqu’une autre pathologie (comme une métastase) doit être écartée.
Traitements possibles
La prise en charge dépend de la taille de la lésion, de sa localisation et de la présence ou non de symptômes.
Surveillance simple
La plupart des angiomes vertébraux ne nécessitent aucun traitement.
Une simple surveillance par IRM est recommandée pour vérifier qu’il n’y a pas d’évolution.
Cette approche convient aux lésions asymptomatiques et stables.
Traitement de la douleur
En cas de douleur modérée, un traitement médicamenteux associant antalgiques et anti-inflammatoires est proposé.
Si la douleur persiste, des techniques mini-invasives peuvent être envisagées.
Vertébroplastie
Il s’agit de la technique la plus utilisée aujourd’hui.
Elle consiste à injecter un ciment médical dans la vertèbre sous contrôle radiologique.
Ce ciment renforce la structure osseuse et soulage rapidement la douleur.
L’intervention est peu invasive, réalisée sous anesthésie locale, et offre d’excellents résultats.
Chirurgie
Dans les formes agressives avec atteinte neurologique, une intervention chirurgicale peut être nécessaire.
Elle a pour but de décomprimer la moelle épinière et de stabiliser la colonne à l’aide de matériel d’ostéosynthèse.
La chirurgie est souvent associée à une embolisation préalable pour réduire les saignements.
Radiothérapie
La radiothérapie peut être proposée en complément ou en alternative à la chirurgie, notamment lorsque celle-ci est contre-indiquée.
Elle permet de réduire la taille de la lésion et de calmer la douleur.
Pronostic et évolution
Le pronostic de l’angiome vertébral est excellent.
Dans la grande majorité des cas, il reste stable et n’occasionne aucune gêne.
Lorsqu’il devient symptomatique, les traitements disponibles permettent un soulagement durable et une récupération complète.
Les formes agressives nécessitent parfois une surveillance prolongée afin de prévenir les récidives, mais elles restent exceptionnelles.
La prévention repose sur une surveillance clinique et radiologique adaptée, en particulier chez les personnes présentant une lésion volumineuse ou un antécédent de fracture vertébrale.
À retenir
L’angiome vertébral est une lésion bénigne et fréquente du rachis.
Dans la majorité des cas, il ne provoque aucun symptôme et ne nécessite aucun traitement.
Seules les formes douloureuses ou agressives demandent une prise en charge spécifique.
Grâce aux progrès de l’imagerie et des techniques mini-invasives, les angiomes vertébraux sont aujourd’hui facilement diagnostiqués et efficacement traités, sans risque majeur pour la santé.


